samedi 4 mai 2013

Charte et objectifs du réseau



Constatant la carence d’offre de soins dédiés aux personnes victimes de la torture et de la violence politique et l’absence d’action coordonnée des divers acteurs impliqués dans cette prise en charge, les associations Mana (Bordeaux), Osiris (Marseille), Primo Levi (Paris) et Ulysse (Bruxelles) décident de réunir leurs efforts au service d’une meilleure prise en charge de ces personnes. Les quatre associations fondatrices du Réseau RESEDA – Réseau francophone de soins et d’accompagnement pour les exilés victimes de torture et de violence politique –, rassemblées autour de valeurs éthiques et thérapeutiques communes affirmées dans cette plate-forme, se donnent pour objectifs la mise en commun de leur expérience clinique, l’amélioration de la prise en charge des patients à titre individuel et familial, le développement de l’offre de soins, ainsi que le plaidoyer et l’action publique en faveur des objectifs définis en commun.
Le Réseau – lancé officiellement en juin 2008 -  ne conçoit son action qu’en l’inscrivant dans le contexte politique, juridique, administratif et social dans lequel ses membres sont amenés à travailler et en établissant un lien étroit entre la clinique et le politique, en partenariat rapproché avec des organisations non gouvernementales oeuvrant dans le champ de la défense des droits de l’Homme, du droit d’asile et de lutte contre la torture, dans le respect des conventions internationales existantes. Faisant écho au poème d’Aragon La Rose et le Réséda publié en 1943 en hommage à la Résistance, le nom RESEDA à forte valeur symbolique est porteur d’un engagement auquel les associations s’efforceront de rester fidèles.

Le positionnement éthique du Réseau

1.   L’indépendance politique : le Réseau agit en toute indépendance vis-à-vis de toute obédience politique, confessionnelle, syndicale ou autre. Il affirme sa liberté d’expression et de critique vis-à-vis des pouvoirs publics nationaux ou des institutions internationales ;
2.   La non-discrimination à l’égard des personnes accueillies : les personnes qui sollicitent une prise en charge auprès des associations membres du Réseau sont accueillies sans distinction de statut administratif, d’opinion, de genre, de religion ou d’origine géographique ;
3.   La reconnaissance de la position de sujet dans ses dimensions conscientes, inconscientes et culturelles ;
4.   La prise en compte du vécu traumatique des personnes accueillies et de leurs souffrances comme séquelles de violences infligées intentionnellement, permettant de relier les symptômes aux évènements, de les replacer dans le contexte des actes de répression et de persécution subies ; cette approche permet de reconnaître la personne en tant que victime de violence politique, tout en lui restituant son identité singulière avec son histoire, ses ressources et son avenir propre, indépendamment de toute catégorisation trompeuse et réductrice.
5.   La reconnaissance et prise en considération de la souffrance des personnes accueillies dans la globalité de leurs besoins et dans leurs dimensions individuelles, groupales et collectives, qui visent à appréhender la multiplicité de leurs problèmes, en reconnaissant l’importance de l’approche pluridisciplinaire, même si celle-ci peut ne pas s’exercer dans un même lieu et compte dûment tenu des contraintes souvent contradictoires imposées par les différents champs d’intervention de cette pluridisciplinarité.
6.   La confidentialité et le respect des personnes accueillies qui implique l’inviolabilité du secret professionnel, la qualité d’écoute, le respect de la parole, le recours, le cas échéant, à un interprète dans la langue de leur choix, le respect du rythme des personnes accueillies ainsi que l’absence de toute pression sur elles et le respect de leur volonté concernant toute démarche publique les exposant, y compris dans les démarches de témoignages.

Les objectifs du Réseau

1.   Le développement de l’offre de soins dédiés à ce public et une réflexion sur le lien nécessaire avec les soins dispensés dans le cadre des services de santé du droit commun ;
2.   Une réflexion clinique et des échanges de pratiques, ainsi que l’élaboration d’outils de transmission de la spécificité de cette clinique articulée aux questions de droit et de politique, et la mise en commun par tous moyens de ces travaux (recherche, mutualisation de ressources documentaires, d’outils de diffusion etc.) ;
3.   Des actions de veille législative et réglementaire, de plaidoyer, de sensibilisation et toute action publique à engager au niveau national et européen visant notamment à dénoncer la dégradation du climat politique et des conditions d’accueil des exilés assimilable à une forme de violence politique et provoquant de nouveaux traumatismes chez les personnes accueillies, à promouvoir un régime social et juridique plus protecteur et à encourager une prise en charge adaptée des victimes ;
4.   La participation à des actions de lutte contre la torture et de dénonciation des pratiques cruelles, inhumaines ou dégradantes dans les pays d’origine.

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